Les PME belges [Spécial Covid-19]

 

Les petites et moyennes entreprises (PME) belges respectivement composées de moins de 50 et de 250 travailleurs ont subi de plein fouet la crise économique. Les PME ont une importance capitale dans le tissu économique belge puisqu’elles représentent 99% des entreprises et pèsent pour 70% des emplois en Belgique.

« La Belgique est le pays européen de la PME » - Danny Van Assche, administrateur délégué d’Unizo (Union des Entrepreneurs Indépendants) 

Alors qu’en 2019, les PME belges étaient en très bonne santé financière, la situation s’est brusquement renversée en mars 2020. Selon la Fédération des Entreprises Belges (FEB), une entreprise sur cinq risque la faillite à cause de la crise. Des milliers d’emplois sont donc menacés. En cette période délicate, nous avons le plaisir de donner la parole à quatre PME membres de la CCI FRANCE BELGIQUE : Mory & Co, Monsieur Fleur, Distrinox et AS Mobility pour dresser un bilan de l’état de santé de ce type de structure en Belgique.

 

L'Etat à la rescousse des PME

 

Pour lutter contre la fermeture de ses PME et conserver l’emploi, l’Etat belge a mis en place une panoplie de mesures. Le chômage temporaire est sans doute le dispositif qui a été le plus efficace, il a en effet permis aux PME de conserver leur personnel et donc leur capital humain. Par ailleurs, les moratoires sur les faillites ont permis aux PME en bonne santé financière avant mars 2020 et durement impactées par la crise, de bénéficier d’une protection contre les saisies. Les reports des charges sociales et de la TVA ont également été des dispositifs pour permettre aux PME de reconstruire leur trésorerie en ces temps de crise. Enfin, à l’échelle de Bruxelles, ce sont 35 millions d’euros qui ont été dédiés aux petites et moyennes entreprises de la capitale. Ainsi, 2000 euros ont été versées à chaque PME bruxelloise en difficulté. 

Si ces mesures de l’Etat ne peuvent combler entièrement les immenses pertes des structures belges, elles ont néanmoins été essentielles pour lutter contre leur fermeture. Selon Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB, si la Belgique n’avait pas mis en place toutes ces mesures, le risque de faillite des PME serait grimpé à 40% (contre 20% aujourd’hui). 

En mettant en place le « Win win lening » en Flandre, le prêt « coup de pouce » en Wallonie et bientôt le prêt Proxi à Bruxelles, l’Etat belge va permettre aux PME et entrepreneurs belges de bénéficier de prêts avantageux de la part des particuliers. Ce nouveau dispositif a comme point d’orgue de faciliter l’accès aux financements et aux liquidités pour les PME dans le but de renforcer leurs fonds propres. 

 

Des PME inégalement touchées par la crise

 

La société Mory & Co spécialiste du déménagement est l’une de ces nombreuses PME qui ont été touchées de plein fouet par la crise. Pour son gérant Dominique Mory, le confinement et la crise ont fait chuter son activité de 70 à 75% au cours des mois de mars et d’avril 2020. Avec une baisse de 40% durant la période estivale et une activité encore ralentie en septembre, la reprise à la normale de son activité ne semble pas être pour aujourd’hui. Dominique Mory note également que les conditions de travail se sont largement dégradées pour ses employés avec les nouvelles mesures sanitaires prises par l’Etat belge et notamment le port du masque obligatoire lors des interventions de déménagement : « Le travail au jour le jour est très délicat pour les ouvriers ». 

« En termes d’investissements, c’est zéro » – Dominique Mory




La PME de 8 employés, « Monsieur Fleur », implantée à Bruxelles, a elle aussi grandement souffert de la crise. Ce fleuriste a été contraint de jeter l’entièreté de son stock de fleurs et plantes de ses deux boutiques, à cause de la décision soudaine du confinement généralisé. 
Les mesures prises par l’Etat belge ont eu un immense impact pour ce fleuriste. Suite au confinement de deux mois, la mise en place, au mois de juillet, de la « bulle sociale limitée à 5 personnes » a mis un coup d’arrêt à la fragile reprise de l’activité pour  « Monsieur Fleur », notamment avec l’annulation d’évènements festifs durant cette période estivale tels que les mariages, communions et repas familiaux et amicaux. Néanmoins, selon le gérant, Erwann Ludot : « L’Etat belge a été plutôt efficace ». Les mesures de soutien pour les PME, bien que ne compensant pas le manque à gagner, ont été rapidement mises en place. 

« Nous avons été touchés de plein fouet » - Erwann Ludot 




Si la globalité des PME a souffert de la crise, certaines structures dans des secteurs d’activités spécifiques ont pu et su tirer leur épingle du jeu. C’est ainsi que Distrinox, PME de 35 salariés située dans le secteur équipementier de cuisine n’a été touchée que partiellement par la crise. Hugues Gilles, administrateur de Distrinox note même depuis la rentrée une « hystérie d’activité ». Celle-ci a été le fruit de la mise en place d’une diversification au sein de la PME et d’un regain d’activité important parmi les particuliers, le secteur de la restauration et de l’hôtellerie. Pour Hugues Gilles, le rôle de l’Etat belge a été central pour maintenir à flot sa société et l’ensemble des PME à l’échelle nationale : « Les mesures prises par le gouvernement nous permettront de limiter la casse à la fin de l’année ». 

« Nous avons été affectés, mais nous ne sommes pas restés les bras croisés » - Hugues Gilles




Cette résilience de la part de Distrinox n’est pas un cas isolé puisque AS Mobility, société de 38 personnes proposant des solutions de télécommunication pour les entreprises a également pour sa part plutôt bien résisté à la crise. Pour Michael Vanhamme, directeur d’AS mobility « la période confinement a même été assez positive ». La PME a en effet réussi à limiter les pertes de chiffre d’affaires. La sphère d’activité autour des télécommunications a été de fait un secteur qui a bien résisté à la crise. Le confinement et la mise en place du télétravail par de nombreuses entreprises ont provoqué un fort gain d’activité et de demandes vis-à-vis des sociétés de télécommunication comme AS Mobility. 






 

Si la situation reste encore aujourd’hui très délicate pour l’écosystème des PME en Belgique, les autorités belges tentent plus que jamais de prendre les choses en main pour soutenir cette tranche d’entreprises, pilier de l’économie et de l’emploi en Belgique. David Clarinval, ministre des Classes moyennes, des Indépendants et des PME a d’ailleurs annoncé jeudi 8 octobre la mise en place prochaine d’un « Plan fédéral horeca 2021 » destiné à soutenir les PME du secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés. Ce dispositif est considéré comme indispensable qui plus est dans le contexte actuel. Le gouvernement a en effet annoncé la fermeture des bars, des cafés et des restaurants en Belgique pour une période d’un mois.

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