Yann Bucaille-LanrezacEntrepreneur social et fondateur de Café Joyeux

A 52 ans, Yann Bucaille-Lanrezac, le fondateur de Café Joyeux, a eu deux vies. Entre les deux, deux cassures : en 2007, d’abord, il y a la maladie de son épouse Lydwine, qui le fait changer de cap professionnel, de vie et quitter Paris. Et surtout, en 2014, la rencontre de Théo, un jeune autiste de 20 ans.

La première vie de Yann Bucaille-Lanrezac semblait toute tracée. Né en 1969 à Suresnes dans une famille de quatre enfants, il enchaîne le prestigieux lycée parisien Saint-Louis de Gonzague puis l’EM Lyon, dont il sort diplômé en 1993. Il fait ses premières armes professionnelles chez Michelin à Clermont-Ferrand, puis chez Danone et dans l’entreprise familiale Emeraude, spécialiste des polymères reconvertie dans les énergies nouvelles et l’hôtellerie.

Marin passionné, Yann ne s’est jamais trop éloigné de la mer. En 1994 et 1995, il avait embarqué comme équipier sur le bateau de Marc Pajot pour la Coupe de l’America à San Diego. En 2010, après la maladie de Lydwine, ils créent le fonds de dotation Emeraude Solidaire pour soutenir des actions en faveur des personnes défavorisées et se replient, avec leurs enfants, à Saint-Lunaire sur la côte d’Emeraude. En 2015, ils lancent avec la paroisse de Dinard le collectif Shlama et accueillent à leur domicile une famille de réfugiés irakiens qui y séjournera pendant près d’un an.

En 2011, dans la lignée du fond de dotation Emeraude Solidaire, il fonde Emeraude Voile Solidaire. Il fait construire le catamaran Ephata pour emmener en mer des personnes handicapées, des sans-abri, des prisonniers, des personnes âgées… A raison de plus de 75 navigations par an, en 2023 plus de 12 000 personnes ont ainsi navigué entre Cancale et le Cap Fréhel.

C’est lors de l’une de ces sorties, en 2014, qu’il fait la rencontre de Théo. Le jeune autiste de 20 ans l’interpelle pour lui demander du travail. Devant son refus, Théo s’énerve. Bouleversé, Yann vient de toucher du doigt la réalité des 750 000 personnes porteuses de handicap qui se voient refuser l’accès à l’emploi. En 2016, Vianney-Marie, jeune trisomique recruté en tant que premier « assistant joyeux » au Castelbrac, petit hôtel atypique avec vue imprenable sur la mer que Yann et Lydwine ont créé, lui confirme ce qui sera désormais son combat : sortir les personnes handicapées de leur invisibilité sociale et leur offrir un vrai travail. Un vrai café, mais employant des personnes en situation de handicap.

Il faudra près de deux ans de travail pour donner vie à cette belle idée. En 2017, le premier Café Joyeux ouvre ses portes à Rennes. En 2018, deux nouveaux coffee-shop ouvrent à Paris. Cette même année, le bateau « Café Joyeux » skippé par Sydney Gavignet remporte la Route du Rhum dans sa catégorie Rhum Mono.

En 2019, une gamme de café solidaire en grains, moulu et en capsules sort sous la marque « Joyeux, servi avec le cœur ».

En juin 2019, à Saint-Malo, la Java d’Ephata, événement unique en France, réunit 1 500 personnes exclues ou en situation de fragilité autour d’un repas, d’un concert et de multiples animations. En décembre 2019, Yann BucailleLanrezac reçoit la Légion d’Honneur des mains de Nicolas Hulot, alors Ministre de la transition écologique. En février 2020, ce sont des équipiers Joyeux qui assurent le cocktail lors de la conférence nationale du handicap qui se tient à l’Elysée. A l’aube du confinement, Café Joyeux ouvre un nouveau café sur les Champs-Elysées, inauguré en mars 2020, par le couple présidentiel Emmanuel et Brigitte Macron. Cette même-année, Yann Bucaille-Lanrezac, reçoit des mains de François Hollande le prix de la fondation « La France s’engage ».

Depuis, sept autres cafés ont ouvert à Bordeaux, Paris, Lyon, Tours, Lisbonne et Bruxelles. Une quinzaine d’autres ouvertures de Café Joyeux sont prévues dans les deux années à venir. En septembre 2022, Café Joyeux a fêté ses cinq ans à l’Olympia avec l’ensemble de ses équipes. Les sept premiers diplômés du CFAJ (Centre de Formation Apprentis Joyeux) ont reçu ce soir-là leurs diplômes sur scène.

En 2021, Yann Bucaille-Lanrezac a reçu le Prix de l’Entrepreneur Social de l’année du prestigieux cabinet BCG (Boston Consulting Group). En 2022, le cabinet EY lui a décerné le prix national de l’entrepreneur de l’année en catégorie Engagement sociétal.

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