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De nombreux défis à venir pour les maisons de repos en Belgique

Les maisons de retraite belges sont mises en cause pour leur gestion de la pandémie.

Ce que l’on entend communément par « maison de retraite » en France porte, en Belgique, le nom de MRPA (Maison de Repos pour Personnes Agées) ou de MRS (Maison de Repos et de Soins). Ces acronymes désignent des structures destinées aux personnes présentant un état de forte dépendance et ayant besoin d’une prise en charge plus importante.

La Belgique dispose actuellement d’environ 1 500 établissements d’hébergement pour personnes âgées (MRPA et MRS confondus), pour un total de près de 150 000 lits.1 La taille moyenne des résidences est de 99 lits au niveau national (105 en Flandre, 88 en Wallonie et 109 à Bruxelles).1

C’est en Flandre que l’on retrouve le plus grand nombre d’établissements (784) tandis que la Wallonie en possède 574 et Bruxelles-Capitale 138.1 Il s’agit en majorité d’Associations Sans But Lucratif (ASBL) en Flandre, quand ce sont plutôt des établissements privés commerciaux en Belgique francophone.

 

 

Comment faire face au vieillissement de la population belge ?

Le vieillissement de la population belge est le principal enjeu des établissements pour seniors dans les prochaines décennies. Les fédérations régionales (Femarbel en Wallonie et à Bruxelles, et Vlozo en Flandre) prévoient que 25% des Belges auront plus de 65 ans à l’horizon 2040, et 35% d’entre eux plus de 80 ans.2 Un million de personnes (le double d’aujourd’hui) seront donc concernées pour un pays de 11 millions d’habitants.

Selon une étude approfondie menée par ING, le taux d’occupation des MRPA et MRS en Belgique est passé de 96,3% en 2015 à 95% en 2018.2

Plus particulièrement, le taux d’occupation moyen en région de Bruxelles-Capitale (87%) est plus faible qu’en Flandre (95,4%) ou en Wallonie (94,9%), une différence nuancée par l’offre de lits proportionnellement plus conséquente à Bruxelles que dans le reste du pays.3 C’est dans la province de Flandre Orientale que le taux est le plus élevé, atteignant 98,5% d’occupation en 2018.3

Le défi majeur de ces établissements consistera donc en la proposition d’une offre de soins et d’hébergement de qualité pour tous. Se posera aussi inévitablement la question du financement des pensions face à l’afflux anticipé de personnes arrivant à l’âge de la retraite. Actuellement, les maisons de repos en Belgique sont en partie financées par les gouvernements régionaux et l’INAMI (Institut National d’Assurance Maladie-Invalidité).

 

Impact de la COVID-19 : l’image ternie des maisons de repos belges

L’image des maisons de repos se dégrade peu à peu en Belgique, avec l’idée qu’elles ne répondent plus aux souhaits actuels des seniors et notamment à leur désir de conserver du lien social. Cette problématique est particulièrement mise en exergue par la crise de la COVID-19 : l’isolement imposé par le confinement a bien souvent été mal vécu par les seniors.

Un rapport publié en novembre 2020 par Amnesty International dénonce la gestion de la crise du COVID-19 par les MRPA et MRS de Belgique, où s’est produite la majorité des décès liés à la pandémie (61,3% en octobre 2020).4 Certaines fautes ont été pointées du doigt, comme le manque d’action des pouvoirs publics belges pour protéger les droits humains des résidents de ces structures, le manque d’équipements de protection individuels (EPI), ainsi qu’une pénurie de personnel soignant. Ces manquements ont été corroborés par Médecins Sans Frontières. Selon eux, seuls 57% des cas graves de COVID-19 en Belgique ont pu être transférés à l’hôpital entre mars et octobre 2020.4

La crise du COVID-19 ayant entraîné une surmortalité chez les personnes âgées, le taux d’occupation des établissements pour seniors a fortement chuté, de l’ordre de 10 à 12% en moyenne.4 Combiné au vieillissement général de la population belge, ces chiffres devraient repartir à la hausse et les investissements dans la silver economy vont selon toute vraisemblance être amenés à croître, que ce soit vers les MRPA et MRS ou de nouveaux modes d’accueil alternatif des seniors.

 

Les alternatives aux maisons de repos : un secteur en plein développement

Résidences-service, habitats partagés, colocations intergénérationnelles... Les alternatives aux maisons de repos gagnent chaque jour de l’importance en Belgique. Le rapport qualité-prix joue un rôle dans cette tendance : les MRPA et MRS sont en effet considérées comme des solutions onéreuses. A titre indicatif, il faut compter en moyenne entre 1 300 et 1 700 euros mensuels comme tarif d’une chambre dans une maison de repos dans la région bruxelloise. De nombreux établissements privés à caractère commercial dépassent les 2 000 euros.5

L’association bruxelloise Infor’Home, dont le but est de conseiller les seniors sur leur choix de résidence, a connu une augmentation exponentielle du nombre d’appels téléphoniques reçus pour une ouverture de dossiers depuis 2020 et l’émergence de la crise sanitaire actuelle.

Les maisons de repos belges ont donc de nombreux défis à relever si elles souhaitent rester le choix numéro 1 des personnes à la retraite.

 

1Source : https://www.uvcw.be/no_index/files/2944-fed.cpas-uvcw-bxl-etude-desinstitutionnalisation-072020.pdf

2Source : https://www.ing.be/Assets/nuid/documents/714429_studie_design_ouderenzorg_FR_pages.pdf

3Source : https://www.ccc-ggc.brussels/sites/default/files/documents/graphics/notes-notas/noteoss3_fr_6.pdf

4Source : https://www.amnesty.be/IMG/pdf/20201116_rapport_belgique_mr_mrs.pdf

5Source : https://www.cepag.be/sites/default/files/publications/11-2014_-_maisons_de_repos_-_etat_des_lieux.pdf

Documentation

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